Découvrez le récit de Coralie Bentz membre des équipes de France B de ski de fond, qui nous raconte sa participation à la mythique course "Le marathon de l'Engadine". Une course magnifique et grandiose qui se déroule, comme son nom l’indique, dans la vallée de l’Engadine en Suisse.
Cette course magnifique et grandiose se déroule, comme son nom l’indique, dans la vallée de l’Engadine en Suisse.
Elle est organisée de façon à garantir un enneigement et des conditions idéales.
C’est en style libre et plus précisément en skating que les participants parcourent 42 km dans un cadre paradisiaque.
Chaque année cette vallée alpine attire skieurs de fond expérimentés ou débutants venus profiter de ses nombreux lacs. Leurs eaux limpides participent à l’attractivité de cette course sublime. Croyez-moi, vous ne serez pas déçu !
Depuis sa première édition en 1969 cette course est devenue un incontournable dans le monde du ski nordique. Son départ situé sur les lacs gelés, à Maloja vaut à lui seul le détour. Les motos-neige sont équipées de bouées pour l’occasion ! L’arrivée se trouve dans le village typique de S-chanf dans la basse Engadine.
Il faut souligner que l’Engadine est LA plus grande course en style libre du circuit Coupe du Monde longue distance avec ses 14000 participants chaque saison.
Le parcours de la course est à la fois très spectaculaire et rapide puisqu’il comprend très peu de montées. Au tiers du parcours, se trouve une des seul difficultés : la monté des Tremplins. A mi-course, la descente sur Pontresina, nécessite beaucoup d’attention, avant de s’engager sur la fameuse descente du lac de Staz.
Sur ce parcours plat et rapide mais skiant tout du long, vous aurez l’occasion de vous affirmez à votre niveau. De grands pelotons se dessinent au fur et à mesure de la course, regroupant les skieurs en fonction de leur forme physique.
Si vous arrivez la veille de la course, n’hésitez pas à vous rendre au village de St Moritz où vous apprécierez le sprint, en nocturne, en compagnie de nombreux champions dans une ambiance folle.
Avant le départ :
La perspective de participer à cette course est très excitante mais aussi stressante. Je m'entraîne toute l’année, mais j’évolue habituellement sur le circuit fond spécial donc sur des courses de 10km en moyenne. Un 42km n’est pas du tout la même approche, ni la même gestion de course. C’est un challenge nouveau pour moi. Me voilà donc sur la ligne de départ aux côtés de 14 000 concurrents.
La course :
J’ai le coeur qui palpite, le stress, l’adrénaline qui monte progressivement. Je sais que si mon départ est mauvais, cela me mettra directement en difficulté pour la suite de la course. Je me concentre, souffle un grand coup et me focalise uniquement sur moi en oubliant tout ce qui se passe autour, je me met dans “ma bulle” comme on dit, je ne pense plus à rien et j’attends le coup de fusil.
Feu !! Je “saute” immédiatement dans les skis, ça se skie dessus, il faut faire attention à nos bâtons, regarder partout ce qui se passe, être attentive et essayer de se placer derrière quelqu’un faisant au moins notre gabarit pour être à l’abri du vent mais aussi derrière une personne que l’on pense en forme afin de ne pas partir sur un faux rythme. Les 3 premiers kilomètres sont un peu particuliers, ça accélère, ça freine, il y a des chutes... Mais très vite, un long peloton avec 3 rangées de skieuses se dessine.
Puis vient le moment où ça accélère avec un fameux sprint intermédiaire positionné au ¼ de course environ, celle qui remporte le sprint repart avec un beau chèque! À ce moment là je me dis, bon, les jambes ne répondent pas vraiment, le peloton s'étire il faut absolument faire l'effort et tenir bon !
Me voilà avec 2,3 filles en milieu arrière de peloton.
Après le sprint je pensai que cela se calmerait mais non! La fameuse montée du tremplin, est un vrai champ de bataille. Désormais ça freine, ça accélère j’essaye de trouver mon rythme. C’est épuisant, à mi-course, vient la descente raide de Pontresina, j’en profite pour avaler un gel, boire régulièrement, les cuisses commencent à chauffer et les sensations sont moyennes. Et c’est reparti pour 20 km de plat, vallonné où il ne faut surtout pas s’endormir. Le vent se lève et je me retrouve seule durant 12 km : le moment le plus dur de ma course. J’ai lutté en changeant de rythme et de pas pour ne pas m’endormir en espérant rallier l’arrivée le plus rapidement possible. Quelques groupes passent, à chaque fois j’essaye de “m’insérer” avec eux.
Puis 8 km avant la ligne d’arrivée, me voilà avec un groupe de garçons, un Norvégien, 2 Suisses etc... Je me ressaisi, je sais que c’est maintenant qu’il faut tout mettre, je mène le groupe mais lors de la descente, je me mets au milieu afin de poursuivre mon effort en skiant à “l’économie”. Il me “traîne” jusqu’à l’explosion du groupe à 2 kilomètres de l’arrivée. Je retrouve deux filles qui jouaient le top 20! Je m’accroche, l’une d’elles lâche, nous sommes deux et je sais que juste avant la ligne droite d’arrivée, il y a une petite descente, avec un virage. Je reste derrière, prends “l’aspiration”, fait l’intérieur dans le virage car je n’ai pas forcément un très bon finish, j’ai fais en sorte d’avoir 2, 3 kilomètre heure de plus pour lui faire le sprint. Ça a marché ! Je jette le pieds et m’écrase après la ligne. Enfin !!