Aurélien Laurent – pisteur-secouriste à La Clusaz
Bonjour, peux-tu te présenter ?
Aurélien, je suis un passionné de ski et j'en ai fait mon métier l'hiver. Cela fait plus de 30 ans que je pratique le ski sous toutes ses formes : ski de piste, Freeride, ski en forêt, derby… Et je suis pisteur-secouriste à La Clusaz depuis 8 ans.
Parle-nous un peu de ton métier, en quoi cela consiste d'être pisteur-secouriste ?
Dans mon métier je suis tous les jours sur les skis. En tant que pisteurs, nous nous occupons de l'accueil et de la sécurité sur les pistes : prévention, balisage de passages dangereux, déclenchement préventif d'avalanches, fermetures de pistes ; et aussi, bien évidemment, du secours des blessés sur les pistes.
A quoi cela sert-il d'avoir un casque sur les pistes, en ski, comme en snowboard ou en luge ?
Le casque sert bien évidemment à protéger sa tête contre les chocs. Aujourd'hui, les pistes sont très bien préparées, ce qui incite à aller plus vite. Mais si les gens vont plus vite, ils n'ont pas forcément pour autant un meilleur niveau de ski. Avec une vitesse plus élevée et un manque de maîtrise, on a plus de chutes et de collisions entre usagers, et les chocs sont aussi plus forts. Porter un casque, c'est se protéger contre les conséquences les plus graves de ces accidents. Pareil en dehors du domaine sécurisé, en raison des rochers qu'on ne voit sous la neige fraîchement tombée… On voit pas mal d'accidents liés au développement du Freeride ( ski hors-piste).
On oublie aussi que le casque de ski c'est bien mieux qu'un bonnet pour garder la tête bien au chaud… quant au style, il y en a vraiment pour tous les goûts !
Tu es pisteur : dans ton métier tu vois les conséquences du fait de porter ou non un casque au ski – quelles peuvent-elles être ?
La plus grave conséquence est le traumatisme crânien avec perte de connaissance. On en voit assez régulièrement. Heureusement, les enfants portent presque tous un casque. De plus le casque est obligatoire en cours de ski. Mais en ce qui concerne les parents, il y a encore du chemin à faire. Pourtant on sait bien qu'en cas de chute, c'est souvent la tête qui tape en premier.
Une expérience en particulier à nous raconter pour illustrer le propos ?
Oui, un bon skieur, tombé assez vite sur une piste bleue à cause d'un problème technique : il avait arraché sa fixation. Il est venu nous voir une première fois pour sa fixation. Puis sa copine est revenue nous voir quelques heures plus tard car elle ne le reconnaissait pas. En fait, il avait un gros traumatisme crânien. Sur le coup, il a cru que ça allait bien mais il s'est enfoncé tout doucement. Heureusement que son amie est venue nous voir car ça aurait pu être très grave. Il s'en est finalement remis, mais il est resté plus d'une semaine à l'hôpital.
Portes-tu toi-même un casque ? Pour quelles raisons ?
Depuis que je skie, plus de 30 ans en gros, je porte un casque au ski. D'abord parce que dans ma pratique du ski, une faute peut vite arriver : en forêt, en Freeride, une branche ou un rocher caché ne sont jamais bien loin ! Et puis au boulot, on est amenés parfois à skier très vite pour aller sur un secours. Pour moi, c'est autant pour la prévention, pour montrer l'exemple, que pour ma propre sécurité.
Un dernier mot pour finir ?
Oui, je dirai qu'il faut être vigilants à l'environnement dans lequel vous évoluez, respecter les règles : météo, état de la neige, matériel adéquat et bien préparé, faire attention aux autres sur les pistes, ou en dehors… En bref, faites en sorte d'évoluer en sécurité où que vous soyez. Et aujourd'hui les marques rivalisent de créativité pour faire de beaux casques, adaptés à toutes les morphologies, alors n'y a que des mauvaises raisons pour ne pas porter un casque.